L’été dernier, à Cannes, j’aperçois un vieux rabbin devant la gare.
Il vient vers moi et n’y voit pas très bien.
- «Je cherche la Croisette».
Je lui indique le chemin.
- «Ne seriez-vous pas Monsieur Bouvard ?».
Ce qui tend à prouver qu’il n’était pas totalement aveugle.
- «Oui, Monsieur le rabbin». «Savez-vous» me dit-il, «que notre communauté vous aime beaucoup ?»
- «Monsieur le rabbin, si elle m’aime beaucoup, c’est qu’elle doit sentir que j’ai certaines attaches familiales avec elle. Mais je m’empresse de vous dire que je ne crois pas en D’ieu».
Et là, cette réponse fabuleuse :
- «Vous avez tort, Monsieur Bouvard, car c’est D’ieu qui a permis qu’un juif demande par hasard son chemin à un autre juif».
J’ai été très ému, à la fois par la spontanéité et l’esprit de la réplique, et par ce côté mystérieux qui peut établir des liens entre des gens qui ont des origines communes. »