Elle me tracasse dit Dieu, cette manie qu'ils ont de se regarder le nombril au lieu de regarder les autres. Car j'ai fait les nombrils sans trop y prêter attention, un peu comme le tisserand qui arrive à la dernière maille et qui fait un noeud, comme ça, pour que ça tienne, à un endroit qui ne paraît pas trop... En fait, j'étais content d'avoir fini.
Oui, de toute ma création, dit Dieu, ce qui m'étonne le plus, c'est tout le temps qu'ils mettent, dès que ça va un peu mal, à se regarder le nombril au lieu de voir les difficultés des autres. Si c'était à recommencer, si je pouvais faire un rappel général, si ce n'était pas trop de remettre l'ouvrage sur le métier, je leur placerais le nombril en plein milieu du front.
Comme ça, dit Dieu, ils seraient bien obligés de regarder le nombril des autres !
Petite histoire recueillie et mise en forme par le P. René Bourget, religieux Fils de la Charité, et parue dans "Chantiers" (revue des Fils de la Charité : 22 rue de l'abbé Derry - 92130 Issy les Moulineaux), n°112 de décembre 1996 (p.21).